Pas de colère. Est-ce que c'est vraiment un bon principe?

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Le premier GoKai Reiki - ou premier principe Reiki- se nomme comme suit en français: Juste pour aujourd’hui, pas de colère.

Au départ, ce précepte faisait tellement de sens pour moi. Au fil de mon chemin, j’ai commencé à douter de la pertinence de cette prescription philosophique: celle de ne pas se mettre en colère. Aborder ce thème a apporté de la confusion. Reconsidérer ce thème apporte de la clarté.

Les diverses et nombreuses reformulations du précepte me semblent être une preuve que, peut-être, plusieurs n’ont pas été à l’aise avec la suggestion d’éviter de se mettre en colère. Mais ça n’a peut-être aucun rapport. Elles peuvent s'expliquer par le courant positiviste, le phénomène d'appropriation, la volonté de contribution, la variété des courants d'enseignement. Il y a aussi, peut-être, un enjeux de traduction de la langue japonaise qui explique les différences. Voici quelques exemples de reformulations qu’on retrouve: Aujourd’hui, je ne me met pas en colère

Aujourd’hui, je me libère de la colère

Aujourd’hui, je choisis le calme

Toutes des formulations qui apportent des nuances. Je vois dans la première une nuance sur la possibilité de distinguer l’émotion des réactions ou des actions issues de l’émotion.  Dans la deuxième, je comprends la suggestion d’une notion de travail de guérison par rapport à la colère. Dans la troisième, j’ai voulu mettre l’accent sur la responsabilisation et le fait de viser quelque chose plutôt que d’éviter quelque chose.

Pourtant, dans toutes ces facettes, le principe conserve une connotation péjorative quant à la colère. Une sorte de conviction véhiculée que la colère est néfaste ou mauvaise. Qu’elle est à éviter. Petit disclaimer: je suis une fervente chercheuse de paix. Je ne veux pas ici faire la promotion d’un monde où ce qu’on appelle les “excès de colère’’ sont encouragés. Mais voilà où est la distinction. Je suis convaincue que le sentiment de colère et les comportements colériques ne vont pas nécessairement de pair. Je doute aussi sur le fait que prescrire l'abstinence de colère en soi serve vraiment la paix. Je doute que focuser uniquement sur la paix et le calme cultive réellement la paix et le calme.

La colère peut être une messagère de grande perspicacité quand on apprend à l’écouter. Elle connaît de nous-même jusqu’à des aspects que l’on occulte depuis longtemps. Des facettes dont on a peut-être honte. Honte de regarder en face, honte de ressentir.

Je suis persuadée que nous sommes plusieurs à ignorer, à nier ou à surrationnaliser nos émotions de colère, ce qui mène au refoulement. Je pense que ça créer en nous des dissonances, des malaises et une dévitalisation. Dans ce sens, un principe tel que- Aujourd’hui, pas de colère - peut alimenter ce mécanisme psychologique d’évitement s’il est considéré littéralement, sans nuances, sans complexité. Dans la nature humaine, il semble que, passer par les opposés de nos traits de caractère qui ne sont pas équilibrés quand on souhaite modifier des comportements qui ne nous servent plus soit tout à fait normal et légitime. Du moins, ça m'apparaît comme le procédé le plus naturel. Dans le cas présent passer par l’opposé pourrait être de vivre et exprimer des moments de colère, entre autres, afin de pouvoir se détacher du pattern du refoulement de la colère.

Ces mots sont l’amorce d’une réflexion philosophique sur le principe Reiki qui concerne la colère et par conséquent sur la colère en elle-même. Un élan de partage dans une volonté de conscientisation du phénomène qu’est la colère, qui a si mauvaise réputation. Et dont le Reiki, comme plusieurs écoles spirituelles ou religieuses, proposent de s’en abstenir. En quoi ce genre de principe sert? En quoi ce genre de principe nuit?

Qu’est-ce que ces mots font monter en toi? Est-ce que tu es plutôt en accord ou en désaccord avec ce mantra quotidien- Aujourd’hui, pas de colère-? Christine